(ethel) it's been a long time...

(it's been a long time.)
DANIELLE & ETHEL

Tu jetas un coup d'oeil nerveux à ton portable; c'était presque l'heure... Tu relevas les yeux vers ton écran d'ordinateur, enregistra la page que tu consultais dans tes favoris - un joli appartement pas trop loin d'ici qui était à louer. Tu inspiras bruyamment et te levas ensuite. Tu fis quelques pas pour quitter le bureau et te rendis à la salle de bain. Tu regardas ton reflet dans la glace et te trouvas remarquablement moche. Tu soupiras, fouillas dans ton coffre à maquillage et en extirpa quelques outils. Une remise en beauté ne te ferait pas de tort, surtout que tu allais voir Ethel et que tu ne voulais pas te présenter à elle de la sorte. Elle méritait de te voir sous un meilleur jour et les poches sous tes yeux en disaient long sur les dures nuits que tu venais de passer. Après quelques minutes, tu fus enfin prête. Tu te pratiquas à faire tes plus beaux sourires devant le grand miroir et descendit au premier pour prendre ton sac. Une fois dans l'entrée, tu enfilas tes bottes et ton manteau. Ça y est, tu étais prête... Tu sortis, verrouillant l'immense et imposante porte d'entrée derrière toi. Cette maison, c'était littéralement un château. N'importe quelle princesse aurait rêvée d'y vivre... N'importe qui, mais pas toi. Tu t'installas derrière le volant et mit le moteur en marche. En moins de cinq minutes, tu arrivas au Karen's Café, là où tu avais donné rendez-vous à ta fidèle amie. C'était ce moment de la semaine où vous preniez quelques minutes pour vous voir, profiter d'un petit moment intime entre amies. Après tout, elle savait tout de toi, de ta vie... Tu n'avais plus besoin de te cacher - même si une part de toi avait encore honte de lui montrer tes faiblesses, d'où le fait que tu as dû cacher tes cernes pour te sentir plus à l'aise. Tu entras donc dans le café et alla tout de suite t'asseoir à la banquette du fond. Celle-ci était devenue vôtre. C'est toujours là que vous vous installiez. C'était comme une loi non-écrite, une chose que l'on fait même sans s'en rendre compte. À toutes les fois, c'est celle-là que vous choisissiez. Tu t'installas donc confortablement, enlevant ton manteau et rangeant ton sac sur le côté. Tu en extirpas ton portable pour aller consulter tes emails, le temps que ta belle amie arrive... ~

(it's been a long time.)
DANIELLE & ETHEL

Devant ton plan de travail, spatule à la main, tu t'actives pour finir un gratin dauphinois, recette transmise par ta mère. Tu as toujours été une bonne cuisinière, traînant dans les pattes de maman étant petite pour voir comment elle faisait. En grandissant, tu avais pris l'habitude de passer une majeur partie de tes soirées devant les fourneaux, alliant épices et mets de qualité. Ta mère dit toujours que tu cuisines des plats qui te ressemblent; toujours trop poivrés. D'un geste de la main, tu rabats une mèche derrière ton oreille, agacée par la petite perturbatrice qui gêne ta vue et chatouille le bout de ton nez.  Avec ton tablier vert à poids blancs sur toi, celui que ton frère t'a acheté à ton anniversaire, tu as l'air d'une vraie chef. Un peu d'assaisonnement ici et par là et le gratin est prêt à enfourner. Tu le regardes dorer à la chaleur du four avec une expression fière collée au visage. Ton plat à une bonne tête, presque aussi joli que ceux de ta mère. Tu finis de nettoyer ton post de travail, passant un coup d'éponge, faisant la vaisselle. Tu aimes garder ta maison propre, particulièrement ta cuisine. Il fait déjà nuit dehors, l'hiver est proche, noël aussi. Dans l'ombre tardive du mois de décembre, tu peux à peine voir de ta fenêtre la voiture de ton mari qui se gare dans l'allée. Tu soupires, tu aurais aimé réussir à t’éclipser avant son retour. Te concentrant sur ta tâche ménagère, consistant à essuyer les plats mouillés, tu feins ne pas voir le petit coucou qu'il t'adresse en sortant de son véhicule et en passant devant la fenêtre de la cuisine. Tu entends la porte claquer dans la pièce d'à côté et tu colles ce faux sourire que tu lui réserves si souvent lorsqu'il passe sa tête par l’entrebâille de la porte de la cuisine. Il a cet air d'un homme heureux de voir sa femme, ça te crève le cœur de devoir lui mentir de cette façon jours après jours. "T'es rentré ?" Avec ton ton faussement enjoué, tu feins la surprise de le voir. Lui, il te dévisage des pieds à la tête, fronçant légèrement les sourcils en s'approchant. "Tu sors ce soir ?" Tu hoches la tête rapidement. C'est sûr qu'habillée dans ta jupe crayon marine et ton chemisier de soie blanche, tu n'allais pas rester au chaud chez toi. Tu peux apercevoir une ombre de regret traversant son regard alors qu'il dépose un baiser sur ton front. Tu serres les dents, il s'attendait sûrement à ce que tu t'habilles pour lui. "Je vais voir Danielle, je mange avec elle. Je t'ai fait du gratin, il est au four. Sors le dans une trentaine de minutes, il t'en restera assez pour que tu en emmènes pour demain midi au boulot. N'oublies pas de faire rentrer la chienne, je ne veux pas qu'elle reste toute seule dehors " Tu passes devant lui comme une tempête, débitant tes instructions pour la soirée, sachant pertinemment qu'il en oubliera la moitié. Dans le salon, tu te regardes un instant dans le miroir, remettant tes cheveux à leur place. Tu prends ton manteau, enfiles tes escarpins, réalisant que ton époux n'a encore une fois pas retiré ses propres chaussures en rentrant. "Et retires tes chaussures ! Ce n'est pas encore toi qui fait le ménage. " Dehors, il fait froid. Cece, ta chienne te salut, venant japper entre tes jambes alors que tu lui caresses distraitement la tête, vérifiant que tu as bien tout pris. Tu montes en voiture. Tu pousses un soupire, fermant les yeux un instant. Tu ne le supportes plus. Dans ces moments là, tu as besoin de la compagnie de ta Danielle, la seule qui puisse vraiment comprendre ce que tu vis au quotidien.

La route n'est pas longue pour arriver au café. Tu la fais souvent, c'est un peu votre sanctuaire là-bas, banquette du fond. Tu rentres dans l'endroit. La chaleur subite qui s'en dégage contraste avec le vent frais de l’extérieur et fait rougir tes joues. Tu la vois, assise à votre place attitrée et un sourire se fend sur tes lèvres soigneusement maquillées au rouge à lèvre rosé. Tu avances rapidement, le bruit de tes talons claquant sur le parquet du café attirant quelques regards. Tu leur réponds avec un sourire et poses ton sac sur votre table, te laissant tomber sur la banquette. Danielle, sur son téléphone, ne te remarques pas tout de suite. " Dani ! Comment tu vas ma poule ?"