dancing with the devil. (daisy)

war at the roses
✮✮ Past. Électrique. Lorsque les lèvres de Jamie rencontrèrent les siennes, un courant électrique traversa son corps. Il avait glissé une main sur sa nuque provoquant des frissons qui parcoururent rapidement son échine, jouait avec les boucles de ses cheveux, leurs lèvres se rencontrèrent dans ce courant électrique. Le parfum de son eau de toilette embaumait son aura, ce parfum qu'elle sentait différemment. Elle n'avait jamais ressentit un tel électrochoc, elle ne s'était jamais sentie aussi bien et se contrefichait si cette nuit allait finir par avoir raison d'eux. Si cette nuit allait détruire ce qu'ils avaient précieusement préservés depuis toutes ces années. Cette amitié innocente qui les liait depuis toujours. Daisy connaissait Jamie par cœur. Il était son âme sœur, mais avant tout son meilleur ami. Celui à qui elle racontait tout, celui avec qui ils se moquaient des autres, celui qu'elle allait voir lorsqu'elle rompait avec l'idiot qu'il lui avait déconseillé de fréquenter, paradoxalement, juste pour trouver une raison stupide de lui prouver qu'il avait tord. C'était bien connu, Daisy détestait lorsque Jamie Price avait raison. Il était également celui avec qui elle brisait des vitres dans le voisinage et qu'elle s'enfuyait en riant à plein poumon. Ces rires qui résonnaient dans Wisteria Lane et qui rendaient cet endroit vivant. Il était son repère, son voisin, celui qu'elle avait envie de voir constamment même si elle vous dira le contraire. Daisy ne voulait surtout ne pas penser au lendemain et à toutes les conséquences que leurs actes engendreraient. Les mains de Jamie étaient arrivées jusqu'à son visage, les siennes l'entrainent jusqu'à sa chambre. Leurs corps communiquent comme s'ils avaient toujours su, comme s'ils s'étaient préparés à cette éventualité. Attirés comme deux aimants, ne formant plus qu'un. Jamie ce garçon qui l'a aidé à s'intégrer, son premier ami devenu son compagnon d'aventures. Ce petit garçon avec qui elle s'autorisait à rêver, à s'évader à mille lieux des nuages, au dessus des étoiles. Ils se répondent mutuellement comme s'ils n'avaient jamais été, des amis, comme si cette attirance avait toujours été présente entre eux. Comme s'ils s'aimaient depuis tout ce temps, qu'ils se mentaient constamment. Daisy n'a jamais remis en question son amitié pour lui, elle n'a jamais douté de ses sentiments amicaux qu'elle éprouvait à son égard. Toute leur histoire est surement écrite dans ces étoiles qu'ils survolent lorsqu'ils sont ensemble et qu'ils sont bien trop aveugle pour suivre le chemin qui leur est prédestiné. Deux idiots aux yeux fermés. Dans le fond, sans vraiment prendre le temps d'y réfléchir, elle l'a certainement toujours aimé à sa façon bien à elle. Cette passion qui prend vie dans cette chambre, entre entre ces murs, dans ces draps, prouve certaines évidences. Pendant un court instant, une courte seconde, Daisy plonge son regard dans celui de Jamie. Le temps semble s'arrêter bien plus longtemps qu'une simple seconde, ce regard qui d'ordinaire se veut complice, exprimait une toute forme de sentiment. Aucun mot ne peut décrire ce que cette minuscule seconde a comme impact dans cet instant d'intimité qu'ils partagent, les lèvres de la brune rencontrent de nouveau celles du reporter et brise cet arrêt sur image. Le temps quand à lui reste fixe. Demain, Jamie doit partir. C'est pourquoi ils sont là, ensemble, dans un état second, un état qui ne leur ressemble pas. Daisy n'accepte pas ce choix, ce soir elle fût heureuse de le voir sur le seuil de sa porte, une bouteille à la main pour marquer le coup. Ensemble, ils ont ressassé les souvenirs du passé. Ils se sont remémorer ces instants qui ont fait d'eux des amis, ces instants qui font partis d'eux tout simplement. Avec lui, elle se sent entière et sans lui, Daisy n'arrive pas à s'imaginer d'une vie sans Jamie Price. Pour elle il part pour un aller sans retour, il prend le risque de sa vie.  Allongée dans le lit, elle se retourne sur le ventre, pose son menton contre son poing fermé et l'observe avec ses prunelles émeraude. Détaillant chaque trait sur son visage, ces traits qu'elle connait par cœur. « Quoi ? » demanda t-il, brisant le silence. Elle haussa les épaules. « On est toujours amis Jamie ? » Cette question brûle ses lèvres, l'a consume. Comme à son habitude, lors de situation complexe, Jamie pince ses lèvres. Ce qui lui donne un air irrésistible. Il remet une mèche de ses cheveux lui tombant sur le visage, ces cheveux rebelles, qu'il remet derrière son oreille. Un geste affectif, affectueux. « Bien sûr. » Mensonge. Un sourire se dessine sur les lèvres de Daisy, un sourire perplexe. Elle pousse un soupir avant de quitter le lit, son lit, en entourant son corps dénudé avec des draps. Agacée. Nerveuse. « Et pour toi ? » Jamie l'a connait par coeur, il devrait comprendre que pour elle cette nuit a tout changé. Elle attrape son paquet de cigarette posé sur sa table de chevet et en déloge une qu'elle glisse entre ses doigts. « Je ne couche pas souvent avec mes amis. Surtout quand ils entrent dans la case des « meilleurs » amis. » Elle pose la cigarette entre ses lèvres et l'allume aussitôt avec son briquet. « Mais il y a un début à tout j'imagine. » Elle tente de lui faire passer un message, sa voix prend un autre ton. Elle a l'impression qu'il a du mal à comprendre là où elle venait en venir, qu'il ne veut pas comprendre. Pour la première fois, pour Daisy c'était évident. Elle est actuellement la seule des deux à avoir les yeux grands ouverts sur le chemin qu'à pris leur relation. « Il y a un soucis ? » l'interroge t-il en se redressant.  « Aucun. Tu pars demain, moi je vais rester là à m'occuper de ma boutique en lorgnant tous les jours sur la télévision pour être certaine qu'on ne te trouvera pas en morceaux dans ton foutu désert. » Elle répond du tac au tac en exprimant ce qu'elle ressent ouvertement, cette peur qui bouillonne en elle, cette peur qui l'a dérange. Elle tire une longue latte sur sa cigarette et recrache doucement cette bouffée de nicotine qui compresse ses poumons. « C'est l'opportunité de ma vie ce reportage, il lancera ma carrière. Je peux pas me contenter de rester ici. » Pourquoi. Pourquoi resterait-il ? Pour la première fois, ses mots, l'ont touchée directement. Elle le regarde sans expression, silencieuse face à ses rêves dont elle ne fait pas partit. Ce soir leurs chemins prendront des directions différentes où l'un ne croisera pas l'autre. « Pourquoi tu resterais Jamie ? » La réponse parfaite serait : pour toi. Une réponse simple et compliquée à la fois quand on connait leur parcours. « T'as raison. Regarde Disney Chanel, ça ira mieux ensuite. » Elle lâcha un rire, un rire qui résonne dans la pièce. Celui de Jamie se mêle au sien. Un rire nerveux. Si seulement.

✮✮ Présent. Il est partit. Jamie est partit. Elle ne lui a pas demandé de rester, c'était à lui d'y songer. Égoïstement, Daisy aurait aimé être la raison qui l'aurait poussé à abandonner ce rêve qu'elle juge de complètement stupide. Il risquait sa vie pour réaliser un article. Il aurait pu en faire un tas d'articles transcendant sans risquer de se faire transcender. Daisy lui en veux. Elle lui en veux de l'avoir laissé, de l'avoir abandonné. C'était eux deux contre le monde entier. Jamie Price lui a volé son cœur le temps d'une nuit, le temps d'une vie. Cela fait quatre ans qu'il est partit, qu'il l'a laissée ici à Wisteria Lane pour rejoindre une tout autre contrée. Quatre années et ses pensées s'en vont toujours vers lui. Elle a mal, mal d'être esclave de ses souvenirs, de ses sentiments qui devraient être périmés maintenant. Malheureusement, les sentiments n'ont pas de limite de temps, ils ne s'envolent pas, ne s'arrêtent pas à une date précise. Aujourd'hui, elle se demande si elle prend la bonne décision. Aiden, un avocat de renommé qu'elle a rencontré lors du nouvel an, l'a invitée au restaurant. Pas n'importe lequel. Celui que l'on choisit lors d'évènements importants. Ils fêtent leurs six mois ensemble, six mois d'un bonheur artificiel. Elle est convaincue qu'il est le bon choix, la sécurité, qu'il s'occupera bien d'elle. Aiden a eu le coup de foudre pour Daisy, pour cette jeune femme dynamique, ambitieuse et mystérieuse. Elle ne se dévoile jamais trop, elle préfère cultiver ce mystère qui l'a rend attirante. La brune s'est mise sur son 31, elle porte une robe rouge, piquante, séduisante, parfaite, qui dévoile juste ce qu'il faut là où il faut. Elle a décidé de détacher ses cheveux ondulés, elle trouve que ça lui donne un faux air de femme fatale. Comme si, elle attachait une importance à ce genre de détail. La main posé contre la porte du restaurant, Daisy doute. Elle est éprise d'un tas d'émotions. « Madame. Excusez-moi, vous ne rentrez pas ? » Un homme l'a bouscule dans ses pensées et l'a ramène sur Terre. Elle se retourne vers lui, confuse.  « Si, bien-sûr. » Comme si c'était une évidence. Elle ouvre aussitôt la porte et franchit le seuil du restaurant. Daisy indique au réceptionniste qu'elle est attendue à la table de Monsieur Atkins et il lui indique le chemin. Elle le remercie poliment et s'avance jusqu'à Aiden. Il est dos à elle, son coeur bat à toute vitesse. La brune pose ses mains sur ses épaules et dépose un doux baiser contre la joue de l'avocat. « Tu as eu des problèmes de circulation ? » Elle acquiesce d'un air entendu. « Tu sais très bien quand il pleut à Fairview, tout le monde a la fâcheuse manie de sortir dehors. » Un mensonge, un de plus. Elle lui adresse un grand sourire et il pose sa main sur la sienne. « Je n'ai jamais compris cet intérêt pour la pluie. » Daisy aime la pluie. Parfois, il lui arrive de sortir juste parce qu'il pleut, sans doute est-ce parce qu'elle est née le jour de l'automne, elle n'en sait trop rien. Elle était cette enfant un peu folle, un peu décalée, celle qui courrait sous la pluie et qui sautait dans les flaques. Celle qui se faisait sermonner par sa maman parce qu'elle avait ruiné sa belle coiffure et salit ses nouveaux vêtements. « Je suis affamée j'espère que tu as mis les petits plats dans les grands. » dit-elle d'un air entendu pour changer de sujet de conversation qui lui rappelait tant de souvenirs. Ce soir, Aiden porte un costume sombre, classe et très chic. Il est toujours bien habillé en toute circonstance, c'est son truc. Il a les cheveux blonds, impeccablement coiffés en brosse, un sourire colgate et il est plutôt bien foutu ; il s'entraîne régulièrement entre deux affaires. C'est une sorte de Ken intelligent, le genre agaçant. « Évidemment. Ce soir, je t'ai préparé quelque chose de très spécial. » Six mois. Ce n'est pas rien. Elle a enchainé quelques relations, rien de bien sérieux qui tenaient au mieux une semaine. Six mois qu'elle est avec le même homme. Daisy a enlevé sa carapace, celle qu'elle préservait et ne s'autorisait pas à retirer. Ils parlent de tout et de rien, en fait ils parlent surtout de lui et de sa victoire. Il a gagné une affaire très importante et assez longue. Aiden est heureux, elle peut lire sur son visage à quel point il est soulagé, à quel point il est bien. « Je ne pourrais pas être plus heureux qu'à cet instant précis, Daisy. J'ai tout ce dont je voulais, absolument tout. A l'exception d'une chose. » Un violoniste se pointe derrière Aiden, qui quand à lui pose un genoux à terre. C'est ça. C'est le moment fatidique. Ce pourquoi il a choisit ce restaurant précisément. Il l'a regarde les yeux remplit de diverses émotions. Le coeur de Daisy se serre. « La première fois que je t'ai aperçu, j'ai su que c'était toi. Je sais que c'est rapide, mais tu sais très bien comment je suis. Dès que je suis certain d'une chose, je fonce. Je ne vais pas m'étaler, je pense que tu as compris où je voulais en venir. Veux-tu devenir ma femme Daisy Sullivan ? Veux-tu m'épouser ? » Daisy est surprise, elle s'attendait à tout, sauf à ça. Elle est touchée par ses mots, son franc parlé et surtout par sa déclaration d'amour envers elle. C'est l'engagement d'une vie, est-ce raisonnable d'accepter cette demande en mariage ? Elle n'en sait rien, contrairement à lui, elle n'est pas douée pour ça. Pour les grandes décisions. Pourtant, elle a envie de prendre le risque. C'est pour ça qu'elle est entrée dans ce restaurant et qu'elle l'a rejoint. « Oui. Oui évidemment. » Aiden est fou de joie, s'empresse de lui enfiler la bague à son doigt et l'a serre contre lui. Il l'embrasse et tout le monde applaudit dans la salle.  « Par contre, que ce soit bien clair entre nous, je ne suis pas une chose. » dit-elle discrètement dans le creux dans son oreille. Aiden se met à rire et elle l'accompagne à l'unissons.