{kiss yesterday goodbye} (délai 11/12)

Regard attendri, Juliet regardait ses bébés, couchés sur le tapis, babillant en cœur. Ils respiraient le bonheur, et par conséquent elle aussi. Jamais, elle ne se serait imaginée ainsi : mère au foyer. Et pourtant, c'était une réalité. Depuis la naissance d'Alexander et Cami, elle avait abandonné son travail de journaliste. Mais, elle ne s'imaginait plus faire autrement. Elle pensait bébés, respirait bébés. Assise sur le tapis, les jambes écartées, ses doigts glissent tantôt dans les cheveux blonds d'Alexander, tantôt le long d'un hochet qu'elle agite sous les yeux pétillants de Cami. Mais, cette joie ne faisait que cacher une autre réalité : Harry. Se consacrant à leurs enfants, elle parvenait à oublier qu'elle passait ses journées à attendre son retour. Elle se sentait stupide, d'avoir peur ainsi. Elle devrait être rassurée : c'était elle, que Harry avait choisi. Tout était dans sa tête. Ce ne pouvait être que cela. « Vous êtes donc là. » Juliet sursauta. Elle tourna le visage, observant son mari, dans l'encadrement de la porte. Elle eut un sourire, tandis qu'il les rejoignait. Ce qui caractérisait cet homme ne relevait pas de la beauté. C'était son magnétisme. Ce besoin viscéral qu'elle ressentait d'abandonner toute activité à l'instant-même où il rentrait dans la pièce. Il remplissait l'espace dans son ensemble. Littéralement. La jeune femme se leva, et lorsqu'elle fut arrivée jusqu'à lui, elle se mit sur la pointe des pieds, passant ses bras autour de son cou. « On commençait à s'ennuyer de toi. » Surtout elle. Il l'embrassa doucement. « Tu n'as pas eu de souci avec les enfants ? » Juliet fronça les sourcils, simulant l'outrage. « Non seulement, tu rentres tard, mais tu insinues que je ne suis pas capable de m'occuper de nos enfants ? » fit-elles, les mains plaquées sur les hanches. Harry éclata de rire. Tous deux vinrent s'installer sur le tapis, prenant les jumeaux dans leurs bras. Juliet adorait son mari. Mais, elle avait le sentiment qu'elle ne l'intéressait plus. Et c'était destructeur. La jeune femme n'avait plus confiance en elle. Elle le trouvait formidable avec leurs enfants. Mais il leur vouait clairement plus d'intérêt qu'à elle. N'était-elle plus que la mère de ses enfants ? Elle en était convaincue. « J'ai parlé avec Faye, tout-à-l'heure. » Le visage de la jeune maman se décomposa. Savoir qu'il pouvait encore être lié à cette femme la rendait malade. Elle ne supportait tout simplement pas cette idée. Ils auraient dû déménager. « Et qu'est ce qu'elle te voulait ? » Juliet eut un ton sec. Elle n'y arrivait pas, à faire semblant d'être bienveillante. Leur histoire était trop complexe pour qu'elle puisse garder les rapports qu'elle avait eu avec Faye. Harry eut l'air troublé. Il ne s'attendait pas à une telle réaction, sans doute. Lui n'avait été que le mari infidèle, pas la meilleure amie qui l'avait trahie. « Tu vois le mal partout. » Elle secoua la tête. « C'est faux. » Elle se leva d'un bond. Juliet aurait préféré qu'il ne dise rien. Qu'il n'aborde pas ce sujet. Elle ne voulait pas entendre parler de Faye. C'était déjà assez difficile de croiser son regard chaque jour, sans qu'il n'en rajoute un peu plus. Harry reposa Cami sur le tapis, pour suivre la jeune femme. « Combien de fois va t-il falloir que je te le répète ? Faye et moi, c'est terminé ! » Elle n'en pouvait plus de l'entendre. Il semblait incapable de la comprendre. « Tu ne me fais pas confiance ? » Elle ne répondit pas. Il était furieux, elle aussi. Colères noires pour lui, furies solaires pour elle. Ils s'étaient amusés entre le rire et la fureur, alors qu'ils étaient tous les deux mariés. Puis tout avait changé. Il était silencieux. Et elle, elle provoquait pour qu'il lui réponde. Comme elle l'avait fait, quelques instants auparavant. Comme elle s'apprêtait à le refaire. « Tu ne comprends donc rien ! » Elle ne le regardait plus, elle quittait la pièce. Elle en avait eu assez.