«Fais ce qui te rend heureux, sois avec ceux qui te font sourire, ris autant que tu respires et aime aussi longtemps que tu vivras»

(fais ce qui te rend heureux ...)
EFFIE & ETHEL

Dans l'obscurité, tu fixes les ombres sur le mur, elles défilent, se mouvent à la vitesse des voitures qui passent dans la rue. Tu as perdu le compte depuis une heure déjà. Il paraît étroit, ton lit, lorsqu'il est occupé par le corps endormi de ton mari. Il est là, à tes côtés, respirant paisiblement. Toi, tes yeux sont grands ouverts, perdus dans le noir. Tu ne trouves plus le sommeil, tu ne trouves plus la paix. Quand tu fermes les yeux, les images de ce que tu n'as plus reviennent te hanter, elles rient de toi, elles se soufflent que tu as perdu ce que tu aimais le plus. Son amour. Au fil du temps, des mois, ça a juste filé comme du sable entre tes doigts tremblants. Tu t'en veux, tu te déteste de le haïr comme ça, lui qui t'aime comme au premier jour, tu ne peux plus te regarder dans le miroir. Tu as brisé tous tes vœux. " pour t’être fidèle, tous les jours de notre vie " tu as un jour dit. Sottises. Tu noies ta solitude dans le corps de d'autres hommes, eux capables de t'offrir la passion, rien que pour une nuit. Ton époux bouge, remuant pour coller son corps endormi contre le tien. Tu sers les mâchoires, réprimes un frisson. La passion n'a pas fait que passer, elle s'est meurtrit. Tu ne le désires plus, il te dégoûte car il est le reflet de tes pêchés. Tu ressers le draps autour de toi, rompant le contact de sa peau contre la tienne. Ce soir et ce pour la deuxième fois cette semaine, tu ne trouveras pas le sommeil, parce qu'il est là, à côté de toi, pensant que tout va bien alors que tu t’effrites à l'intérieur.

Un coup à la porte tu fais redresser la tête, tu fronces les sourcils, qui peux bien venir à cette heure-ci ? D'une certaine façon, tu es soulagée de pouvoir t'arracher à ce lit que retiens toutes tes craintes, cachées entre les plis des draps. Ton mari remue alors que tu t'extirpes de la chaleur suffocante de ce qui est supposé être votre nie d'amour. " Dors, j'y vais " Il ne répond pas, en réalité, tu ne sais même pas si il t'a entendu. Tu attrapes ta robe de chambre, celle en soie violacée de tu aimes tant. Le parquet des escaliers est froid sous tes pieds nus alors que tu descends, silencieusement, dans l'obscurité, accrochée à la rambarde. Dans le salon, seule la lumière de la rue éclaire la pièce. Tu appuies sur interrupteur, plisses les yeux un instant avant de te diriger vers la porte. Quand tu ouvres, c'est l’étonnement qui te saute au visage. Effie. La petite à l'air paniquée, ton cœur se fend quand elle se jette désespérément dans tes bras. Elle n'est qu'une gosse trop jeune encore pour être confrontée à ce que la vie lui impose. Touchée par son histoire, tu lui a ouverts ta porte. Parfois, tu vois en elle Marnie, ta petite sœur, ton soleil. C'est pourquoi, tu prends soin d'Effie, parce que, si c'était Marnie qui était dans une situation semblable, tu aimerais que quelqu'un s'occupe d'elle. Dans tes bras, la jeune fille renifle, pleure. Tu lui caresses délicatement les cheveux, serrant son petit corps tremblant contre toi, l'entraînant à l'intérieur dans la chaleur de ta maison. " Oh, Effie, qu'est-ce qu'il se passe ?"